AMAP
de la Goutte d’Eau

Lettre d’Alimea fruits secs

jeudi 28 octobre 2010 par Francine

2ème saison et arrivage en avant première pour ceux qui ont pris des fruits secs !

Une lettre qui suit ses fruits … secs car nous sommes déjà en avant saison et c’est déjà la saison où il faut courir partout pour préparer la saison de toutes les récoltes à venir !

Les noisettes (variété Fertile de Coutard) viennent, ce n’est pas prémédité mais le hasard fait bien les choses, de la plantation de François Reibaldi que les essaimeurs angevins ont rencontré lorsqu’ils sont venus l’an dernier en octobre. Il est parti après avoir calibré sa récolte à Marseille : il sera très bientôt grand père ! Les amandes sont de variété Lauranne et ont été apportées par Dominique et Françoise Massari. Comme toutes les productions de la coop, les fruits secs sont certifiés bio.

Consommer 5 kg de fruits secs : Personnellement, 5 kg de chaque, c’est ma consommation annuelle. Je mets toujours quelques fruits secs au milieu des fruits du dessert. Sans oublier quelques apéros où je sors ma collection de casse-noisette. C’est ludique et en plus quand on casse les coquilles, on prend le temps de manger… donc on a moins mangé à la sortie de l’apéro ! A découvrir aussi : après décorticage de quelques amandes et/ou noisettes le trempage une nuit dans un verre d’eau (froide). Le lendemain matin elles sont gonflées, fraiches et croquantes comme lorsqu’elles sont tout juste formées en été. C’est une façon de consommer privilégiée des végétariens entr’autres qui considèrent que leur propriétés alimentaires sont fortement augmentées par cette pré-germination. 5 par personne suffisent.

Conservation : Pas de consignes particulières pour leur stockage, elles sont protégées naturellement par la coquille et se conserveront parfaitement du moment qu’elles sont au sec. La nature est bien faite : la coquille conserve aux noix, noisettes et amandes leur faculté germinative pour la saison suivante. Je vous conseille donc de les décortiquer au fur et à mesure de votre consommation. Vigilance quand même face aux rongeurs qui en raffolent ! Les noisettes et amandes en coque se conservent très bien dans leur filet d’origine qui leur permet de respirer.

Les fruits secs, c’est un rendez-vous annuel après une année de culture :

Un début 2010 plutôt sec et froid. Gros froid, c’est pour nous, producteurs corses « de plaine », quelques minutes (ou à peine plus) à 0°C ou même parfois –3°C, -5°C au lever du jour mais elles peuvent suffire pour saccager certaines récoltes qui sont particulièrement sensibles. 2 épisodes de neige exceptionnels pour nous, en janvier puis à nouveau le 9 mars.

Pas d’incidence sur les noisetiers qui fleurissent en janvier mais sont très rustiques. Le beau temps sec a été favorable à leur pollinisation. Ils ont eu une très belle fructification après plusieurs années très moyennes. Par contre beaucoup de fleurs d’amandier ont été brulées par le froid et ont avorté.

L’excès de pluie a succédé à la neige. De janvier à la fin du printemps nous sommes passés par un enchainement des jours de pluie. Il a était plutôt favorable, les 2 espèces étant peu sujettes aux maladies. Les noisetiers qui craignent la sécheresse ont au contraire bien profité et il n’y a pas eu de chute de jeunes fruits.

Comme l’an passé la « saison des pluies » a cédé la place à un été très sec, prolongé jusqu’en septembre.

Le climat a été favorable à la récolte des noisettes qui s’est passée sans soucis (les débordements de ruisseaux ont certaines années emporté leur part de récolte à la mer). A récolte des amandes est plus longue car contrairement aux noisettes elles ne tombent pas spontanément et nécessitent d’être gaulées. Elle est encore en cours chez les Massari qui ont plusieurs hectares d’amandiers.

Un peu d’histoire agricole de la Corse. Pour moi, c’est important à connaître aussi !

Le noisetier est une culture localisée à l’intérieur de l’île, à l’est et plus précisément sur le canton du Campoloro – Moriani où la plaine orientale rétrécit, la montagne se rapprochant de la mer. Les communes y ont leur plage (qui regarde l’Italie) et culminent à l’ouest à 1.000 - 1.300 m d’altitude. Cette particularité géographique provoque une montée très rapide de l’humidité de la mer qui condense en nuages et retombe en pluie. Le pot de chambre de la Corse.

Ce microclimat est particulièrement adapté au noisetier, l’arbre des sourciers (ils en fabriquent leurs baguettes).

Dans sa forme actuelle la noiseraie est l’un des rares reliquats de l’organisation agro-pastorale des villages. Pas de ferme ou maison isolée. La communauté est regroupée en villages et hameaux perchés à 300 m, altitude qui autrefois permettait de vivre à l’abri des marais et de la malaria. Avec au dessus du village l’arbre à pain, le châtaignier, juste en contrebas, près des sources et ruisseaux, vignes, vergers et jardins clos pour la table, au sud et au sec les oliviers pour l’huile de la maison… Et quelques cultures de rente, dont le noisetier qui après 1900 a remplacé le cédrat en déclin.

Pour la plupart inaccessibles aux tracteurs, les jardins de noisetiers sont restés préservés de l’intensification de l’agriculture. Ils sont formés en buisson (leur port naturel) et atteignent 7 mètres de hauteur. La noiseraie abrite une végétation typique de sous-bois ouvert. L’ail sauvage, 2 espèces de cyclamens voisinent avec le paradis des mycologues (girole, bolets, champignon corail...). Elle est fréquentée par la tortue de Hermann (tortue terrestre).

Hors de la rentabilité, les noisetiers constituent d’abord un patrimoine familial affectif, entretenu car « c’est les parents qui les ont plantés », parfois les grands parents. Ce qui en fait leur pérennité mais aussi leur fragilité. Deux dangers les guettent : la friche avec enfouissement rapide sous les ronces et clématites qui aiment elles aussi les sols profonds et humides, la spéculation foncière si croissance anarchique des villages.

Les productrices d’amandes sont les seules excentrées par rapport à Alimea, installées à l’ouest de l’île, l’une en Balagne près d’Ile Rousse, l’autre près de Saint Florent dans la Conca d’Oru. Logique ! L’ouest, notablement moins arrosé par les pluies et plus pauvre en réserves d’eau, est depuis toujours le lieu de la production commerciale d’amandes et d’olive.

Implanté sur les terres de parcours à moutons ou en terrasses où les arbres voisinaient avec les cultures sèches comme le blé, le verger originel a beaucoup souffert des gros incendies et quasiment disparu. Il était composé d’amandiers francs de pied (issus de semis direct) avec une grande diversité de formes, tailles et goûts et une portion d’amandiers amers.

Le verger actuel, est un verger planté en rangs, sans culture intercalaire, avec des amandiers greffés (sans amandes amères donc) et date de la relance de la culture de l’amande en Corse dans des années 80-90. Produire loin n’est pas trop pénalisant car le nombre de jours de livraison est très limité sur une année de culture de l’amande.

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