AMAP
de la Goutte d’Eau

Lettre d’Alimea mai 2010

vendredi 21 mai 2010 par Francine

Bravone, mai 2010

Bonjour à tous, Voici venue la cagette de fin d’abonnement. Cette dernière sera uniquement de pomelos pour tous les groupes. La récolte des pomelos va continuer un moment. Selon le rythme de nos ventes, nous terminerons fin juin ou au mois de juillet.

Nous avons choisi au moment de la mise en place des premiers abonnements de ne pas aller au-delà de mai car certaines années la mouche méditerranéenne du fruit émerge et commence son cycle à partir de mi-juin. Nous avons des difficultés à la maîtriser et les fruits qu’elle pique ne se conservent pas. Il était impensable pour nous d’envoyer une cagette destinée à la consommation de tout un mois sachant par avance que la probabilité est importante qu’une part soit jetée.

Tous les autres fruits sont à présent récoltés, sauf la dernière variété d’avocat (Nabal), toute petite production que nous n’avons pas – ou pas encore ?- renoncé à cueillir mais dont la croissance et maturité auront au moins un mois de décalage ce qui la mènera dans le mois de juin si elle finit d’évoluer correctement.

Cette saison a été une sacrée expérience pour nous tous.

Un grand merci à tous les retours et messages que nous avons eu indirectement par les responsables de groupe ou par mails. Même à distance, le système AMAP crée du lien et sort producteurs et consommateurs de l’anonymat. Y compris pour les ouvriers qui ont cueilli et réalisé les cagettes et qui se sont mis à partager les plus beaux fruits biscornus (ceux qui échappaient à la benne et décoraient la calibreuse pendant l’hiver) entre les palettes AMAPiennes.

L’ensemble des producteurs de la coop a participé aux cagettes sauf les producteurs de noisettes et d’amandes car les contrats se sont mis en place trop tard cette première année.

Du côté du climat çà n’a pas du tout été facile. La récolte des clémentines s’est passée sereinement avec peu de pluie, pas de froid … sauf à la fin où le verger a connu quelques gelées (dans la norme en janvier) puis la première neige exceptionnelle en février et là tout s’est enchaîné dans un dérèglement général. Pluie, pluie et même un deuxième passage de neige en mars. Si la neige est restée heureusement anecdotique en plaine, on n’avait pas vécu en Corse de telles hauteurs de neige à des altitudes de 300-1000 m depuis les années 70. Grande angoisse lorsque la deuxième neige et tombée et que les récoltes de kumquats et citrons avaient été retardées exprès pour les cueillir pour les abonnements. Finalement, beaucoup de peur, pas trop de mal mais nous avons quand même découvert que les fruits des kumquats, si rustiques et résistants, n’aiment pas la neige.

En cumul de pluviométrie on reste très loin derrière l’hiver précédent (le record de pluie mesurée sur toute l’histoire des relevés météo en Corse) et nous n’avons pas encore fini de compter les jours de pluie au mois de mai.

Pour la cueillette AMAP il en a résulté une vraie galère pour les petites productions (avocat, citron, kumquat), celles pour lesquelles nous n’avons pas de stock régulier et que nous ramassons spécialement pour les expéditions programmées … s’il y a des fruits mûrs et si tout va bien. Tout n’a pas marché sur des roulettes. Beaucoup de stress de notre côté et des cueillettes reportées de cagette mensuelle en cagette mensuelle. Nous ne sommes pas équipés pour stocker en frigo (ce qui nous aurait permis d’anticiper). Aucun kumquat livré sur certains groupes, peu de citrons, d’avocats pour d’autres.

Pour le verger peu de conséquences visibles pour l’instant sinon que la floraison des agrumes a démarré seulement à la fin avril avec 3 semaines de retard. Cependant comme beaucoup de plantes méditerranéennes les agrumes, les amandiers et les avocatiers supportent mal de rester longtemps les racines dans l’eau. La répétition d’hivers beaucoup trop humides pourrait à la longue provoquer le vieillissement accéléré des arbres les plus faibles et diminuer la longévité des vergers. Pour l’instant positivons : nous avions craint une première fois après l’hiver 2008-2009 ; les arbres nous aiment bien et ont bien redémarré. C’est la production qui vous est arrivée sur toute cette saison.

En principe il n’y aura pas d’incidence sur la production des agrumes et avocatiers qui ont une floraison exubérante et se déchargent naturellement à la nouaison de tous les petits fruits excédentaires.

Sur les fruits : Les avocats n’ont pas grossi normalement. Tous les pomelos portés par les parties basses des arbres (mal ventilées et peu ensoleillées) sont fragiles car ils sont depuis des mois en permanence dans l’humidité. Il y a eu pas mal de chute de fruits avant récolte dans les zones les plus humides et, dans les pires périodes, une moins bonne conservation après récolte.

Côté abeilles : un beau printemps, ensoleillé mais pas trop sec, est la période faste des apiculteurs et de leurs ruches. L’humidité ambiante du printemps 2010 est une véritable catastrophe : maladies dans les essaims, retard de floraison dans le maquis puis nectar des fleurs lessivé par les averses à répétition. Voilà le lot des abeilles qui s’activent mais récoltent très peu. La récolte de printemps sera maigre et cela va continuer car les colonies sont affaiblies.

Pour avoir un tour complet de notre quotidien en cette saison, la commercialisation. Le 26 avril nos ventes ont doublé du jour au lendemain. Après avoir rongé notre frein pendant des semaines nous travaillons enfin à plein régime. Comme tous les ans nous attendions cette vague, comme tous les ans nous nous demandons combien de semaines elle durera. Car elle n’est pas liée à l’entrée en production, ni à une hausse de la consommation mais à un « créneau » laissé libre par nos concurrents. Le pomelo bio d’Israël (principale origine des pomelos bio d’octobre au printemps) est enfin terminé, cette année en même temps que ceux d’Espagne et d’Italie. Ne reste plus que le pomelo corse et les clients qui privilégient le plus faible prix d’achat au détriment de la proximité reviennent vers nous.

Evidemment nous nous organisons pour répondre à l’augmentation des commandes, il faut au coup par coup trouver des occasionnels pour agrandir les équipes de cueillette car la production de pomelos est stockée sur l’arbre. Plus nous ramasserons, plus vite la récolte sera terminée et les risques derrière nous. Tempêtes de vent, grêle et surtout la mouche méditerranéenne prennent certaines années une grosse part de la production. Mais pour finir de vendre très vite il faudrait brader et vendre en dessous de nos coûts de revient. Donc nous avons peu de marge de manœuvre et les producteurs se sentent trop souvent coincés.

Dans peu de temps cette embellie sera terminée : la bio se développe sur la mondialisation et aussi avec les productions d’hémisphère sud. L’Afrique du Sud et le Mexique arriveront, avec des prix plus bas, avant que notre récolte soit terminée.

*******

Il sera évidemment difficile de se rencontrer tous physiquement pour faire le bilan de la première saison mais bilan il y aura et sans oublier personne : ni les mangeurs, ni les producteurs, ni ceux qui se sont mobilisés pour la réception et la distribution que nous ne pouvions assumer avec la distance et qui ont rendu cette expérience possible par leur implication.

J’espère que ce premier abonnement vous aura porté outre des vitamines beaucoup de plaisir des papilles et d’échanges.

Cordialement,

Brigitte

Alimea


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